lundi 6 septembre 2010

Marie, ma fille

Elle a dix-neuf ans. Je savais bien qu’elle partirait un jour pour voler de ses propres ailes, mais je me refusais d’y penser avant l’heure.

Ce matin de septembre 1976, l’heure a sonné. Marie part de la maison pour étudier le droit à l’université de Montréal. Sa valise est bouclée. L’émotion m’étreint. Claude camoufle la sienne en s’affairant à ranger les bagages dans la voiture. Marie et moi nous embrassons très fort et hop! La voiture démarre.

Je la suis des yeux jusqu’à perte de vue. Je rentre seule dans la maison et laisse aller les flots diluviens retenus. Ils sortent en trombe. Je pleure si fort que je n’entends pas marcher sur la galerie. La porte s’ouvre et Marie explose:

Je le savais !

Nous voilà de nouveau enlacées dans un geste ultime de solidarité. Un duo de larmes.

Nous resterons liées, maman. Nous communiquerons souvent.

Oui, oui, je sais… Va ma belle.

Je sais, je sais. Mais mon alliée de tous les jours sera à trois cents milles de distance. Les quatre hommes de la maison tous charmants qu’ils soient sont de genre différent. Me voici devenue l’unique femme de la maison. Partie ma complice féminine, ma conseillère au goût sûr!

Partie?

J’oubliais que Marie a un cœur généreux qui ignore la distance.

Suivant sa promesse elle communique souvent et sait être là dans les moments difficiles comme dans les événements heureux. Elle continue d’être ma complice et demeure pour moi une source stimulante de bonheur.

vendredi 3 septembre 2010

Centre linguistique du collège

Printemps 1990.

Je reviens à la maison après avoir donné mon cours au Centre linguistique du collège de Jonquière. Claude écoute les nouvelles à la télé. Je lui dis tout de go :

Je t’apporte les salutations du juge Cory de la Cour suprême du Canada.
Comment ça ?
Il était ce soir parmi mes honorables étudiants.

Étonné? Pas vraiment, car l’école jouit depuis longtemps d’une excellente réputation. Elle reçoit des individus et des groupes de toutes les provinces du Canada et même des États-Unis qui désirent apprendre le français dans le milieu très francophone du Saguenay. Ces étudiants adultes proviennent de milieux divers comme le monde des affaires, de la politique et de professions diverses. Pas trop étonnant que la Cour suprême du Canada y soit un jour présente.

Outre d’autres juges, j’y ai vu passer notamment Ed Broadbent, Kim Campbell, des astronautes de la Nasa, des PDG de grandes entreprises, des professeurs d’universités américaines et autres.

Mon cours portait sur l’art et visait trois objectifs :

1- Parler de l’art au Québec,
2- Expliquer comment on peut comprendre et apprécier une œuvre d’art.
3- Amener surtout les étudiants à s’exprimer en français à partir de tableaux.

Chaque cours était pour moi un événement unique et plein de surprises tant par la diversité des étudiants que par la notoriété de certains. Ce qui m’a toujours étonnée c’était la simplicité des grands, tous égaux sur les bancs de l’école.