lundi 25 avril 2011

Fièvre

Cent trois de fièvre. Claude est cloué au lit dans notre confortable chambre de l’hôtel Regis à Mexico. Il a attrapé la tourista. Pas question pour lui de manger ce soir-là.

Je descends seule à la salle à dîner avec nos compagnons de voyage Germaine et Roland. La décoration de la place est cossue. La clientèle est distinguée. Un trio de mariachis ajoute une atmosphère festive au repas.

Je remarque qu’à la table voisine deux beaux messieurs lorgnent souvent de notre côté. Au dessert, sans invitation de notre part, les mariachis viennent nous jouer la sérénade. Le serveur apporte trois flutes de champagne sous l’œil entendu de nos voisins. Galante entrée en matière qui les amène à se joindre à nous.

Ils sont architecte et ingénieur, disent-ils. J’ajouterais aussi charmeurs d’expérience… Mon anglais étant limité et mon espagnol encore plus, je laisse les conversations à Germaine et Roland. Mon seul langage est visuel.

L’un d’eux me le rend bien et ose même me demander en montrant le papillon de mon pendentif : « Are you butterfly ? » Me sentant protégée par mon beau-frère, je réponds avec coquetterie : « Sometimes… »

Vient vite alors une invitation à continuer la soirée dans une boite où se produisent les meilleurs mariachis de Mexico.

Germaine semble apprécier la chose. Roland, pas du tout :

Il n’en est pas question. Pense à ton mari malade là-haut, Yvonne.

Nous retournons sagement au chevet de Claude sans autre discussion.

Remercie-moi mon cher beau-frère. Je te ramène ta femme avant qu’elle accepte l’invitation galante d’un séducteur mexicain.

Et d’expliquer la situation et tout…

Claude saisit l’occasion pour provoquer son beau-frère un tantinet conservateur:

Dommage, Yvonne, c’était une occasion unique !

Câlibi ! (juron de Roland) Tu as sûrement encore de la fièvre pour divaguer comme ça !


Note : Roland G. était l’aîné de mes beaux-frères. Il avait épousé ma sœur Marguerite. Après le décès prématuré de celle-ci, il épousa Germaine V. que nous avons adoptée comme une sœur. Malgré la différence d’âge d’une quinzaine d’année, nous nous entendions très bien avec eux. Pour preuve, nous avons partagé ensemble trente-deux voyages au Québec, au Canada, en Amérique, en Europe et en Asie.

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