Je ne pouvais empêcher Claude de prendre des vacances. Il en avait besoin et moi je ne pouvais l’accompagner avant la fin des classes. Il partit donc en célibataire pour deux semaines en France. Un collègue me dit son étonnement de me voir accepter la chose si facilement. Il sème un doute. Serais-je naïve ? Dire qu’en lui souhaitant un bon voyage, j’ai recommandé à Claude de profiter de sa liberté. Les premiers jours passent sans nouvelles. C’est normal. Mais à la fin de la deuxième semaine de silence mon imagination se met en branle et suppose toutes sortes de motifs inquiétants : un accident ou, pire, une chose inimaginable que ma confiance en Claude se refuse de croire. C’est le cœur à l’envers que je vais l’accueillir à l’aéroport. Je le vois descendre visiblement reposé et heureux de me retrouver. D’emblée je lui exprime ma déception de ne pas avoir reçu de ses nouvelles. J’avais envie de lui dire que le téléphone n’était pas en grève, mais je ne voulais pas devenir rabat-joie. Il était là si heureux et il ne cessait de me dire combien je lui avais manqué. Rentré à la maison, Claude s’empresse de m’offrir les surprises qu’il m’a rapportées: lingerie fine, parfum et un disque de Daniel Guichard récemment sorti en France: La Tendresse. Il le dépose sur la table tournante. La voix incisive du chanteur me va droit au cœur : Je craque! Deux bras m’enlacent doucement. Doux baume à mon cœur.
— Pas de chance, il y avait une grève des Postes françaises durant les dix premiers jours du voyage. Malgré cela, dans l’espoir d’un règlement rapide, je t’ai écrit tous les jours.
C’est s’ retrouver à nouveau deux
Avec le cœur au bord des yeux.
La tendresse…
Le lendemain, le facteur m’apporte un paquet de cartes postales de France et une lettre d’amour comme jamais je n’en ai reçue. J’en ai retenu à jamais cette phrase : « C’est encore avec toi que je me sens le plus libre. »
lundi 25 avril 2011
La tendresse
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