Dernier samedi d’août. L’école du rang commence dans quelques jours. Tout est prêt : les robes du dimanche prévues pour la première journée sont bien repassées et suspendues dans la garde-robe, les sacs d’école remplis de livres, de cahiers neufs, de crayons bien affûtés dans leurs coffres en bois attendent près des lits. Il ne reste plus que la coupe de cheveux. Nous, les quatre dernières alignées à la table de la cuisine, attendons notre tour pour prendre place sur le haut banc. Maman est là avec sa trousse de barbier. Marie, sept ans, toute confiante observe miroir en main les coups de ciseaux de la coiffeuse. Elle lui fait une jolie coupe en balai selon la mode du temps. Avant de céder sa place, ma sœur pose à notre mère cette question qu’elle n’attendait sûrement pas : Maman a toujours su contrôler ses émotions. C’est d’un ton très calme qu’elle demande malgré sa surprise : Maman fait mine de couper quelques poils rebelles puis répond : Sur ce, ma mère la fait descendre du banc, lui donne une tape affectueuse sur l’épaule et reprend :
— Qui veut bien s’asseoir la première ?
— Moi, dit Marie.
— Est-ce vrai, Maman, que je ne suis pas ta petite fille ?
— Qui t’a dit ça ?
— Cécile Gagnon, chez monsieur John.
— Tu es ma petite fille, Marie. Ton père et moi, nous sommes allés te chercher à la crèche de Québec. Tu avais trois mois. Nous pensions ramener un garçon mais quand nous t’avons vue si belle et souriante c’est toi que nous avons choisie. J’attendais que tu sois plus grande pour te le dire.
— Tu es notre petite fille et tu es toujours belle. Qui vient s’asseoir maintenant ?
lundi 25 avril 2011
L'annonce faite à Marie
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire